Tempête du 5 au 7 janvier 1994

I. Synthèse de l’événement

Date de début d’événement : 05/01/1994 en fin de nuit

Date de fin d’événement : 07/01/1994 en début de nuit

Type d’événement : tempête de type OR (classification Dreveton)

Départements touchés ou régions concernées :

Régions impactées

La carte ci-contre représente les zones impactées du 5 au 7 janvier 1994.

Presque toutes les régions sont touchées à des degrés divers. Les rafales sont toutefois moins violentes sur une petite moitié sud du pays (excepté en Corse).
L’Aquitaine, Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon sont concernés par leurs départements pyrénéens.

7 régions échappent aux rafales supérieures à 100 km/h : Bourgogne, Centre-Val de Loire, Haute-Normandie, Limousin, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Résumé :
Mercredi 5
une perturbation qui circule dans un flux d’altitude de sud-ouest se décale sur la France en donnant des vents forts sur le littoral breton et des pluies faibles à modérées tandis que sur les régions méditerranéennes, un vent de sud amène des nuages bas venant de la mer.
Jeudi 6
une nouvelle perturbation se joint à la précédente qui ondule des Pyrénées à l’Alsace tandis que sur le sud-est, l’activité pluvieuse se renforce avec un vent fort de sud à sud-est.

Intensité maximumDuréeSurface du territoire métropolitain touchéIndice de sévérité
158 km/h Cap Sagro (111 m) le 05/01/1994
Cap Béar (82 m) le 06/01/1994

environ 48 heures

quelques pourcents
non déterminé

II. Description de la situation météorologique



Mercredi 5 :
une perturbation circule dans un flux d’altitude de sud-ouest. Elle aborde la France par l’ouest. En fin de nuit, elle donne sur la Bretagne des pluies faibles à modérées associées à des vents forts sur les côtes. Elle gagne l’Aquitaine et l’Alsace en mi-journée et s’atténue en se décalant vers le nord-est l’après-midi tandis qu’avec l’arrivée d’un front froid, des orages éclatent sur le sud de la Bretagne. Sur les régions méditerranéennes, un flux de sud s’organise favorisant les entrées maritimes avec quelques pluies sur l’extrême sud-est.

Jeudi 6 :
une nouvelle perturbation vient se joindre à la précédente en se décalant en mi-journée des Pyrénées à l’Alsace, avec des pluies faibles à modérées qui s’atténuent l’après-midi. À l’arrière, la traîne est active avec des averses ou orages. Sur le sud-est, les pluies sont souvent modérées, voire fortes avec un vent de sud-est assez fort sur le littoral méditerranéen et dans la vallée du Rhône.

Analyse Surface 5 janvier 1994 à 12 h utc Analyse Surface 6 janvier 1994 à 12 h utc Analyse Surface 7 janvier 1994 à 12 h utc
Analyse Surface 5 janvier 1994 Analyse Surface 6 janvier 1994 Analyse Surface 7 janvier 1994

III. Vent

Rafales maximales observées du 5 au 7 janvier 1994 Rafales maximales estimées du 5 au 7 janvier 1994
Vents maxi observées Rafales maximales estimées

Rafales maximales observées du 5 au 7 janvier 1994

Le renforcement du vent débute avec l’arrivée de la première perturbation en fin de nuit du 4 au 5 janvier 1994 sur le littoral atlantique où il est temporaire, puis gagne progressivement la vallée du Rhône dans la nuit du 5 au 6 où il perdure jusqu’à la nuit suivante.

Sur le pourtour méditerranéen, un vent fort souffle du sud au sud-est à partir de la nuit du 5 au 6 et ne s’atténue que la nuit suivante.

Sur le bassin méditerranéen occidental, pendant environ 36 heures, un vent moyen de sud-ouest de 45 à 65 km/h, appelé Labé, souffle avec des renforcements temporaires à 80 km/h.

Le 7 les rafales supérieures à 100 km/h ne concernent que le sud-est du pays.

Rafales remarquables mesurées entre le 05/01/1994 et le 06/01/1994
RégionDépartementPosteAltitude (m)Vent instantané
maximal (km/h)
Date et heure locale
Corse 20 Cap Sagro 111 158 05/01/1994 à 10h40
Languedoc-Roussillon 66 Cap Béar 82 158 06/01/1994 à 14h35
Bretagne 56 Belle Île - Le Talut 34 122 05/01/1994 à 07h20
Bretagne 29 Pointe du Raz 67 119 05/01/1994 à 11h35
Provence-Alpes-Côte d’Azur 83 Porquerolles 137 115 06/01/1994 à 23h50
Basse-Normandie 50 Barneville Cart 62 108 05/01/1994 à 08h20
Languedoc-Roussillon 34 Sète 80 104 06/01/1994
Rhône-Alpes 69 Lyon-Bron 197 104 06/01/1994 à 11h42
Pays de la Loire 85 L’Île D’Yeu 32 104 05/01/1994 à 06h50
Provence-Alpes-Côte d’Azur 13 Mimet 416 101 06/01/1994 à 12h15

IV. Phénomènes météorologiques associés

Le vent fort moyen (plus de 55 km/h), stable en direction (sud-ouest) qui souffle sur une grande étendue du bassin méditerranéen occidental, engendre une houle exceptionnelle : le 6 janvier la bouée au large du cap Cépet (à proximité de Toulon dans le Var) enregistre une valeur maximale de 4.8 m à 8 h puis 7.5 m à 10 h avec une période entre 7 et 8 secondes.

Le fetch, distance maritime sur laquelle souffle un vent de direction constante et qui influe sur la hauteur des vagues, est d’environ 650 km par vent de sud-ouest fort (la distance entre la côte nord-algérienne et la côte française est de 740 km), d’où cette puissante houle.

La surcote, engendrée par le vent et la baisse de pression atmosphérique (minimum se creusant sous le vent des Pyrénées dans la nuit du 6 au 7), atteint une valeur maximale de 1.10 m en Camargue. Elle concerne toute la côte provençale avec une élévation de 0.3 m du niveau des bassins des marais salants de Hyères.

L’importance de cette houle et de cette surcote peut s’expliquer par la durée et la stabilité en direction du vent fort et par la convergence entre le vent de sud-ouest canalisé entre les îles Baléares et la côte espagnole et le vent de sud, plus au large entre Baléares et Corse.

Pluie dans le Sud-Est le 6/01/1994

Pluviométrie le 6 janvier 1994 dans le quart sud-est du pays

L’air chaud et humide qui vient du sud, provoque sur la région sud-est des pluies diluviennes le 6 :

  • 212,6 mm (litres/m²) recueillis à St-Christol (Vaucluse) ;
  • 158 mm (litres/m²) à Ribiers (Hautes-Alpes) ;
  • 149,6 mm (litres/m²) à Barnas (Ardèche) ;
  • 121 mm (litres/m²) à Cabrières d’Avignon (Vaucluse).

Ces précipitations perdurent le 7 en s’atténuant.

En fin de journée du 6, le Rhône entre en crue et va connaître le 7 une crue exceptionnelle dans sa partie aval. Le débit de la Durance atteint 3 400 m³/s à sa confluence avec le Rhône. Il faut remonter en 1924, voire au mois de novembre 1906, pour trouver une telle crue d’un ordre bien supérieur à la crue décennale, compte tenu de l’écrêtement (environ 600 m³/s) permis par les aménagements réalisés depuis 1960.
Le Buëch et ses affluents enregistrent un fort débit. Dans les Bouches-du-Rhône, Huveaune, Arc, Touloubre et Cadière sont soumis à une montée des eaux.

Informations complémentaires disponibles sur notre site des Pluies extrêmes en métropole.

V. Impacts socio-économiques

La puissante largade, vent violent venant du large, cause de nombreux dégâts entre la Camargue et la côte varoise : restaurant de bord de plage détruit à Sausset, voiture emportée sur la corniche à Marseille, inondations sur l’île de Bendor au large de Bandol, route de la presqu’île de Giens près de Hyères détruite sur un kilomètre, amarres de bateaux rompues, digues abîmées, plages submergées.

Le 6 et le 7 janvier 1994, la violence des eaux des fleuves et rivières rompt des digues : des milliers d’hectares sont inondés principalement en Camargue mais aussi dans les Alpes de Haute Provence (plus de 2 000 hectares), des ponts sont endommagés, des personnes évacuées.

En Vaucluse, la crue de l’Ouvèze submerge la zone de Bédarrides où des dizaines d’habitants doivent être sauvés par hélitreuillage (1000 hectares inondés). 3 000 hectares sont inondés en amont du confluent de l’Ardèche ; des villages comme La Palud et La Motte-du-Rhône sont sous les eaux à la suite d’une rupture de digue. À Fontaine-de-Vaucluse, la source connaît une crue historique dont le maximum sera atteint à 23,80 m le 8.