Herta le 3 février 1990

I. Synthèse de l’événement

Date de début d’événement : 3 février 1990 à 04 heures légales

Date de fin d’événement : 3 février 1990 à 22 heures légales

Type d’événement : dépression atlantique de type SW (classification Dreveton)

Départements touchés ou régions concernées :

Régions impactées

Cette tempête concerne presque tout le pays, mais sur la moitié nord que les rafales sont les plus violentes.

Régions impactées à plus de 90 % de leur superficie par des rafales supérieures à 100 km/h :
Pays de la Loire, Basse-Normandie, Haute-Normandie Île-de-France, Picardie, Centre-Val de Loire, Bretagne et Champagne-Ardenne.

La Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse sont les deux seules régions à échapper totalement aux rafales de plus de 100 km/h.

Résumé :
Un vaste système dépressionnaire occupe l’Atlantique Nord. Au sud de ce système, un minimum se forme pour se déplacer très rapidement en parcourant la Manche d’ouest en est. Ce minimum est suivi d’une hausse de pression très rapide. Les dégâts sont très importants sur une grande moitié nord du pays.

Intensité maximumDuréeSurface du territoire métropolitain touchéIndice de sévérité
162 km/h à Langres (52)
162 km/h à Belle Île – le Talut (56)
18 heures
47 %
exceptionnel

II. Description de la situation météorologique

Dans la partie sud d’une vaste dépression, un minimum se forme au large du Cap Finisterre. Ce petit tourbillon est engendré par un fort contraste de masse d’air qui règne à la latitude des Açores.
Ce minimum se dirige vers la pointe de Bretagne puis vers les Pays-Bas. La dépression se déplace rapidement.
À l’arrière une petite dorsale anticyclonique se développe : la hausse de pression est exceptionnelle.

Données de pression

En mer la valeur minimale, proche de 985 hpa, est atteinte le 3 février 1990 à 03 h UTC.
Le minimum de pression relevé en Bretagne est de 987,9 hPa sur l’île de Batz le 3 février 1990 à 09 UTC.

Remarque :
Une valeur de 983,8 hPa est mesurée à Cancale à 09 UTC. Cette mesure semble toutefois erronée avec presque 10 hPa de différence avec Dinard (à 06 UTC Dinard 998,8 et Cancale 999,1 hPa).

La plus forte baisse de la pression en 3 heures est observée sur l’île d’Ouessant (Créac’h) le 3 février 1990 à 06 UTC avec – 9,9 hPa.

La plus forte hausse de la pression en 3 heures est observée à la pointe de Penmarc’h le 3 février 1990 à 12 UTC avec + 18,4 hPa. Il est observé + 20 hPa le même jour à 15 UTC à la pointe de la Hague.

Enregistrement baro à Paris

Variation barométrique à Paris (service prévision, pont de l’Alma)

La hausse de pression est exceptionnelle pour nos latitudes

Hausse de +17 hPa en 3 heures, de 14h30 à 17h30 UTC

III. Vent

En Bretagne les vents sont généralement modérés en début de matinée, mais ils se renforcent brutalement à l’arrière de la dépression dans le secteur nord-ouest. À l’intérieur des terres les rafales les plus violentes sont de secteur ouest à sud-ouest.

Rafales remarquables mesurées le 03 février 1990
RégionDépartementPosteAltitude (m)Vent instantané
maximal (km/h)
Heure de la mesure
(heures légales)
Champagne-Ardenne Haute-Marne (52) Langres 466 162 16h00
Bretagne Morbihan (56) Belle Île – le Talut 34 162 09h10
Bretagne Morbihan (56) Île de Groix 41 158 10h50
Pays de la Loire Vendée (85) Île d’Yeu 32 158 10h50
Haute-Normandie Seine-Maritime (76) Cap-de-la-Hève 100 151 14h50
Île-de-France Val-d’Oise (95) Roissy 108 148 14h07
Centre Eure-et-Loire (28) Chartres 155 144 13h37
Bretagne Finistère (29) Brignogan 9 140 09h50
Cartes des rafales maximales estimées cartes des rafales maximales observées
Rafales Maximales estimées Pressions niveau mer

IV. Phénomènes météorologiques associés

Pluie

La pluviométrie associée à cette tempête est faible.

Petite surcote enregistrée par les marégraphes

Des données marégraphiques sont disponibles au niveau de 5 observatoires situés entre Cherbourg et Port-Tudy sur la période du 2 au 4 février 1990.

Un pic de surcote est enregistré le 3 février en fin de matinée au niveau des cinq observatoires, avec des valeurs maximums de surcote instantanée de 0,7 m et 0,8 m à Port-Tudy et Brest. Les hauteurs maximales observées sur la période sont cependant inférieures aux niveaux des plus hautes mers astronomiques (PHMA) : le maximum du pic de surcote associé à la tempête arrive à quasi pleine mer au niveau de l’ensemble des observatoires, mais ses valeurs ne sont pas suffisamment élevées pour produire des hauteurs remarquables en période de marée moyenne (coefficient 57 le 03/02 au matin) ; les surcotes de pleine mer maximales observées sont comprises entre 0,40 m et 0,70 m.

De ce fait, sauf à Port-Tudy, les hauteurs maximales sont enregistrées le 2 février avant l’arrivée du pic de tempête, sous influence prépondérante de la marée (coefficient 70 le 2 février).

V. Impacts socio-économiques

Source : dossier Les Tempêtes du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, décembre 2002, page 14

« Févier 1990 : sept tempêtes se succèdent et touchent à divers degrés la France et une large partie de l’Europe. Celle du 3-4 février fut l’une des plus importantes connues dans le nord de la France, faisant 23 morts dont 13 dans la région parisienne. La tempête du 26 février au 1 mars coûta 65 vies dans l’ensemble de l’Europe »

Un article paru dans la revue de Météorologie Maritime « Metmar » mentionne un nombre élevé de victimes dont 27 en France.

Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement)