Tempête en Méditerranée le 20 décembre 1991

I. Synthèse de l’événement

Date de début d’événement : 19 décembre 1991 à 21 heures locales

Date de fin d’événement : 20 décembre 1991 à 19 heures locales

Type d’événement : tempête de type NE (classification Dreveton) tramontane, mistral et libeccio

Départements touchés ou régions concernées :

Régions impactées Toutes les régions sont touchées à des degrés divers. Seule la région Centre échappe totalement aux rafales de plus de 100 km/h.

Régions les plus impactées par l’événement de type NE :

  • Languedoc-Roussillon (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard)
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur (Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes)
  • Corse

Résumé :
L’affaiblissement du vent, amorcé dans la nuit du 18 au 19, se poursuit dans la journée du 19 décembre. Cet affaiblissement est moins prononcé du Roussillon à la Provence. Avec l’arrivée d’une nouvelle perturbation, le vent reprend de la vigueur en deuxième partie de nuit du 19 au 20 et dans la journée du 20. La tempête est alors quasi-généralisée.

Intensité maximumDuréeSurface du territoire métropolitain touchéIndice de sévérité
184 km/h à Pertusato (2A)

22 heures

10 %
modéré

II. Description de la situation météorologique



La situation isobarique est assez semblable à celle du 18 décembre et le processus général reste le même : une arrivée d’air froid vient buter sur les Alpes, générant sous le vent la dépression du golfe de Gênes. Cependant si l’effet de fœhn a joué un grand rôle l’avant-veille pour l’accentuation du creusement de la dépression, il reste ici plus discret.

Malgré tout, la baisse de pression est remarquable. La pression chute de près de 9 hPa en six heures à Nice : 1010,4 hPa à 01h00 pour 1001,6 hPa à 07h00.

En fin de matinée la dépression se déplace rapidement vers l’est, en direction de l’Italie.

NB : l’effet de fœhn se traduit par un assèchement et un réchauffement de l’air sous le vent du relief. Cette élévation des températures rend l’air moins dense et favorise ainsi la chute de la pression

Configuration isobarique en Méditerranée le 20.12.1991 à 10h00
et trajectoire du centre de la dépression entre 07h et 12h
Trajectoire

III. Vent

Sur le Roussillon, le vent violent se déclenche avec une brutalité inouïe en fin de nuit du 19 au 20. Le vent moyenné sur 10 minutes passe de NNW 7 km/h à 4 heures du matin à la force ouragan 50 minutes plus tard avec un vent de nord-nord-ouest 140 km/h. La tempête après le calme…

Cela s’explique par une arrivée brutale de l’air froid, canalisé et accéléré par les Pyrénées. À Saint-Girons en Ariège (09) la température chute de 4,5°C entre 1 h et 4 h du matin.

NB : la force 12, ouragan sur l’échelle de Beaufort, correspond à un vent moyenné sur 10 minutes supérieur ou égal à 64 nœuds soit 118 km/h. Nous l’utilisons ici pour aller au-delà de la tempête ou de la violente tempête

Température de l’air le 20.12.91 à 04h00h

Température de l’air le 20 décembre 1991 à 14 heures locales

Au cap Béar la température de l’air est de 12,5°C à 4 heures et de 7,0°C à 11 heures.

L’air froid, dense, est associé à des hausses de pressions tandis que l’air chaud correspond à des baisses de pression.

Tendance pression le 20 entre 01h et 04h

Tendance de la pression atmosphérique

Tendance de pression exprimée en hectopascals le 20 décembre 1991 la nuit entre 01h00 et 04h00

en bleu tendance en hausse

en rouge tendance en baisse

On notera la similitude entre les deux cartes :

  • hausses de pressions gagnant rapidement le long des Pyrénées associées à des températures basses ;
  • progression plus lente des hausses de pressions le long du canal du Midi provoquée par une poussée d’air chaud venant de la Méditerranée.

Indépendamment de tout resserrement des isobares, l’air froid, dense, tend à s’étaler et crée un vent dirigé des tendances en hausse vers les tendances en baisse. C’est ce vent qui explique la soudaineté de cette violente tramontane.

Rafales maximales observées les 20 décembre 1991 Rafales maximales estimées sur l’événement
Vents maxi observées Rafales maximales estimées

Si la tempête est quasi-généralisée c’est, outre sur le Roussillon, sur le Var, l’ouest de la Côte d’Azur et la Corse que les vents sont les plus forts.

En début de matinée, la force ouragan est atteinte sur la Balagne. À l’Île Rousse, le vent moyenné sur 10 minutes souffle d’ouest-sud-ouest jusqu’à 119 km/h en début de matinée.

Au cap Corse la force ouragan est atteinte en fin de matinée : vent moyenné sur 10 minutes soufflant de nord-nord-ouest à 122 km/h.

La tempête persiste dans l’après-midi et se maintient même jusque dans la nuit sur le Roussillon, la Corse et localement le Var.

Rafales remarquables mesurées le 20/12/1991
RégionDépartementPosteAltitude (m)Vent instantané
maximal (km/h)
heure locale
Corse 2A – Corse-du-Sud Pertusato 107 184 15h10
Corse 2B – Haute-Corse Cap Corse 104 173 12h40
Roussillon–Languedoc 66 – Pyrénées-Orientales Cap Béar 82 158 05h05
Provence–Alpes–Côte d’Azur 83 – Var Le Levant 118 144 /
Roussillon–Languedoc 11 – Aude Caunes-Minervois 371 126 07h30
Roussillon–Languedoc 30 – Gard Mont Aigoual 1567 126 06h46
Provence–Alpes–Côte d’Azur 06 – Alpes-Maritimes Mandelieu 104 126 11h00
Provence–Alpes–Côte d’Azur 13 – Bouches-du-Rhône Istres 23 101 10h02
Provence–Alpes–Côte d’Azur 04 – Alpes-de-Haute-Provence Saint-Auban 458 101 10h33
Roussillon–Languedoc 34 – Hérault Bédarieux 373 101 18h00

IV. Phénomènes météorologiques associés

Les vagues

Une bonne partie de la journée du 20 et de la nuit suivante, la mer est très forte (4 à 6 m de creux) en Corse sur la Balagne et aux extrémités de l’île, forte (2,5 à 4 m de creux) sur le littoral des Bouches-du-Rhône et du Var.

Sur le littoral du Roussillon elle est très forte une partie de la matinée du 20.

V. Impacts socio-économiques

Gros dégâts sur la Corse.

Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement).