Tempête du 6 juillet 1969
I. Synthèse de l’événement
Date de début d’événement : 06/07/1969
Date de fin d’événement : 07/07/1969
Type d’événement : dépression atlantique de type Wd (classification Dreveton)
Départements touchés ou régions concernées :
Bretagne, Basse-Normandie (Calvados), Haute-Normandie (Seine-Maritime), Nord-Pas de Calais (Pas-de-Calais) Picardie, Île-de-France (Val-d’Oise, Seine-et-Marne), Centre (Loiret) |
Résumé :
Cette tempête estivale est liée à une dépression atlantique arrivée par la Bretagne l’après-midi du 6 juillet, avant de longer les côtes de la Manche la nuit suivante.
Le vent atteint 166 km/h à Brest. Il dépasse les 100 km/h sur toute la Bretagne et à proximité de la Manche. Il est relevé 119 km/h au Bourget.
De très nombreux dégâts sont recensés ainsi qu’une trentaine de morts en cette période très touristique.
Intensité maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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166 km/h à Brest PC rade |
II. Description de la situation météorologique
En ce début juillet, la situation est calme sur la France avec la présence d’un anticyclone sur le pays. Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1969, l’anticyclone faiblit et commence à se replier sur le proche Atlantique. Au même moment une petite dépression apparaît au sud-ouest de l’Irlande. Elle semble inoffensive, mais au cours de la journée du 6 juillet 1969, cette dépression se renforce graduellement tout en suivant le 48ème parallèle nord.
Elle atteint la Bretagne dans l’après-midi. Dans la nuit du 6 au 7, la dépression gagne encore en puissance tout en longeant les côtes de la Manche. Elle s’évacue vers la mer du Nord le 7 au matin. La pression en son centre avoisine alors les 995 hPa.
Ensuite l’anticyclone revient progressivement précédé de beaucoup de vent.
Analyse du 06 juillet 1969 à 20 h locales |
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III. Vent
La Bretagne est la plus touchée : les rafales atteignent 166 km/h à Brest, 151 km/h à Lanvéoc et 144 km/h à Cancale.
Les côtes de la Manche ne sont pas en reste avec 100 à 130 km/h. Enfin dans les terres, le vent atteint 119 km/h au Bourget et 104 km/h à Orléans.
Région | Département | Poste | Altitude (m) | Vent instantané maximal (km/h) | Date |
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Bretagne | 29 | BREST PC RADE | 35 | 166 | le 06/07/1969 |
Basse-Normandie | 14 | LONGUES SUR MER | 66 | 108 | le 07/07/1969 |
Haute-Normandie | 76 | CAP DE LA HÈVE | 100 | 112 | le 07/07/1969 |
Nord-Pas de Calais | 62 | BOULOGNE | 73 | 122 | le 07/07/1969 |
Île-de-France | 95 | LE BOURGET | 49 | 119 | le 07/07/1969 |
Centre | 45 | ORLÉANS | 125 | 104 | le 06 et le 07/07/1969 |
IV. Phénomènes météorologiques associés
La pluie
Pluviométrie du 6 juillet 1969 La tempête est également associée à quelques pluies. En général ces pluies restent tout a fait raisonnables c’est-à-dire sans excès. Ce n’est qu’en Bretagne et en Normandie que les pluies sont plus importantes. Ainsi le 6 juillet 1969 il tombe 10 à 30 millimètres en 24 heures, soit près de 15 jours de pluie pour la saison. En Bretagne les monts d’Arrée recueille jusqu’à 40 mm soit près d’un mois de pluie. Mais c’est au département de la Manche et à la pointe du Cotentin que revient la palme des plus fortes pluies. En ce 6 juillet 1969, il tombe en 24 heures jusqu’à 60 mm avec même 66,6 mm à Digulleville (voir le site des pluies extrêmes, rubrique Recherche des épisodes). Cela représente plus d’un mois de pluie pour la région en cette saison. Signalons enfin que certaines zones montagneuses du Sud de la France reçoivent 30 mm sur la journée du 6 juillet. De tels cumuls y sont assez fréquents l’été, par instabilité orageuse le plus souvent. |
La houle
Un autre phénomène est associé à cette tempête : il s’agit de la formation d’une forte houle.
Au départ, des creux de 4 mètres se forment au large de la Bretagne le 6 juillet dans l’après-midi. Puis cette houle rentre en Manche où elle s’amplifie rapidement.
Dans la soirée, puis dans la nuit du 6 au 7, la houle atteint les 8 mètres en Manche. Et on peut raisonnablement estimer que des creux de 10 à 12 mètres se sont localement produits, en particulier dans la baie de Saint-Malo.
Le 7 juillet la houle s’atténue rapidement tout en gardant une amplitude proche des 4 mètres au large de la Bretagne et en Manche.
Un tel phénomène de houle est déjà qualifié de très important en saison hivernale, mais en plein été c’est exceptionnel. En raison de l’afflux touristique près des côtes, beaucoup de gens pris de cours se retrouvent livrés à eux-mêmes face aux dangers de la mer.
Remarques :
Après le passage de la tempête dans le Nord-Ouest les 6 et 7 juillet 1969, le vent se renforce également renforcé près de la Méditerranée entre le 7 et le 8 juillet 1969. Toutefois les valeurs restent généralement inférieures à 100 km/h à 2 exceptions :
- le Mont Aigoual, où le vent atteint les 115 km/h le 7, puis les 112 km/h le 8
- le Cap Corse, où le vent souffle jusqu’à 101 km/h le 7, puis jusqu’à 133 km/h le 8
Pour ces 2 sites, il ne s’agit pas de valeurs exceptionnelles.
V. Impacts socio-économiques
Cette tempête fait de très nombreux dégâts matériels et de nombreuses victimes, principalement sur la Bretagne et près des côtes de la Manche : on dénombre une trentaine de morts et de nombreux blessés. Cette tempête a surpris tout le monde par la période à laquelle elle s’est produite (en plein été) et par la rapidité avec laquelle elle s’est formée : elle est apparue moins de 24 heures avant de toucher les côtes françaises.
Tous les campings de Bretagne et ceux près de la Manche vivent une soirée du 6 juillet et une nuit du 6 au 7 juillet très agitées. De nombreuses tentes sont soufflées, des caravanes sont couchées et des chalets sont endommagés. Une véritable panique envahi tous les campings de la région. Dans tout le secteur, nombreux sont les arbres arrachés, les tuiles emportées et les lignes téléphoniques ou électriques arrachées. Le chapiteau du cirque Bouglione est soufflé à Audierne, les vitres du palais des festivals de Dinard explosent littéralement. À Granville la toiture de la chapelle Notre-Dame du Cap Lihou est sérieusement endommagée… Enfin étant donné la saison, de très nombreux plaisanciers et pêcheurs sont en mer au moment où la tempête se déclare : nombre d’entre eux disparaissent.
Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement).