Tempête du 19 septembre 1930
I. Synthèse de l’événement
Date de début d’événement : 18 septembre 1930
Date de fin d’événement : 20 septembre 1930
Type d’événement : dépression atlantique de type WD (classification Dreveton)
Départements touchés ou régions concernées :
Bretagne (Finistère, Côtes-d’Armor, Morbihan, Ille-et-Vilaine), Basse-Normandie (Manche, Calvados) Pays-de-la-Loire (Loire-Atlantique, Vendée) |
Résumé :
Cette tempête concerne les côtes d’Angleterre et de France, de la Manche et de l’Atlantique. C’est surtout sur la Bretagne qu’elle est la plus violente. Combinée aux marées d’équinoxe, elle s’accompagne de vents violents et de vagues gigantesques. C’est la tempête la plus désastreuse depuis un demi-siècle, elle touche particulièrement les pêcheurs partis au large. Elle fait 207 disparus.
Intensité maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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II. Description de la situation météorologique
Le 18 décembre au matin, une dépression à 995 hPa se situe sur le nord de l’Angleterre. Elle dirige un flux d’ouest sur le nord de la France. Ce minimum se creuse à 975 hPa le 19 au matin et se positionne au sud-ouest de l’Irlande. Le flux s’accélère sur le nord-ouest de notre pays et s’oriente au sud, puis à l’ouest – sud-ouest le 20 au matin avec le décalage de la dépression vers l’ouest de l’Angleterre.
Attention : aux échéances 09 UTC, les cartes issues de la réanalyse ERA20C présentent des anomalies. |
Analyse de surface le 18 septembre 07 h locales | Analyse de surface le 19 septembre 07 h locales | Analyse de surface le 20 septembre 07 h locales |
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III. Vent
Région | Département | Poste | Vent horaire (échelle télégraphique) | Date et heure de mesure |
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Bretagne | Morbihan | Le Talut | SSW force 9 | Le 19 à 07h |
Bretagne | Finistère | Brest | SW force 9 | Le 19 à 13h |
Bretagne | Finistère | Brest | WNW force 9 | Le 20 à 07h |
Bretagne | Morbihan | Le Talut | W force 9 | Le 20 à 07h |
Normandie | Manche | Cherbourg | WSW force 9 | Le 20 à 07h |
Nord – Pas-de-Calais | Pas-de-Calais | Saint Inglevert | SW force 9 | Le 20 à 13h |
Bretagne | Finistère | Brest | W force 9 | Le 20 à 13h |
Bretagne | Morbihan | Le Talut | W force 9 | Le 20 à 13h |
Normandie | Seine-Maritime | Le Havre | SW force 9 | Le 20 à 13h |
Correspondance entre les échelles de vent de l’époque |
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IV. Phénomènes météorologiques associés
État de la mer : les rares navires qui croisent à l’ouest du 10° W, signalent le 18 à 13 et à 19 H une houle modérée de secteur ouest par 50° N et 11° W. Par contre sur le centre Atlantique, une grande houle (notée haute) est observée par 48° N et 28° W.
Un jeune matelot (rescapé du bateau Marie Henri de Douarnenez) en pêche sur petite sole le 17, relate que le baromètre a commencé à baisser fortement, mais que la mer et le vent étaient anormalement calmes.
Le 19 à 00H00 une houle modérée est observée par 51° N et 11° W avec un vent d’ESE 8 B. Par 50° N et 21° W une houle haute est aussi mentionnée.
Au Havre, un raz de marée dévaste la plage Marie-Christine.
V. Impacts socio-économiques
Cette tempête engendre de très importants dégâts sur les bateaux (coûts estimés à des centaines de mille francs) et des petits patrons sont complètement ruinés.
La flottille thonière lorsque la tempête s’est déclarée était aux trois quarts en mer. La campagne de pêche au thon bat alors son plein. La population littorale composée essentiellement de familles de pêcheurs est inquiète. Une inquiétude qui s’accroît au fur et à mesure que les bateaux rentrent dans les ports dans « un état lamentable. » La Marine nationale envoie des torpilleurs et des avisos à la recherche des bateaux manquants...
Les autorités dressent un bilan humain et matériel : 207 morts, 127 veuves, 191 orphelins. Les deux tiers des victimes étaient Morbihannais. Sur les 27 bateaux perdus, 21 étaient enregistrés dans les ports d’Étel, Groix et Port-Louis. 50 navires sont hors service et plus de 400 plus ou moins avariés.
Source : archives.morbihan.fr
Dans une moindre mesure, la tempête est ressentie à terre : arbres déracinés, poteaux abattus, fils télégraphiques brouillés, toitures endommagées. Mais il est vrai que les sinistres sont surtout maritimes.
La majeure partie des accidents ont comme cause la destruction des tableaux arrières des bateaux, frappés par d’énormes déferlantes. À la suite de ce terrible drame, l’architecture des bateaux sera modifiée : les poupes à tableau seront remplacées par un arrière pointu destiné à fendre l’eau et présentant moins de portance.
Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement)