Tempête du 20 février 1879

I. Synthèse de l’événement

Date de début d’événement : 20 février 1879 au matin

Date de fin d’événement : fin de nuit du 20 au 21 février 1879

Type d’événement : tempête d’origine atlantique de type SD (classification Dreveton)

Départements touchés ou régions concernées :

Régions impactées

Presque toute la France est concernée.

Est épargnée une bande de territoire allant de la Bretagne à la Normandie jusqu’au Pas-de-Calais.

Résumé :
Le 20 février 1879 au lever du jour, une large zone dépressionnaire, dont le centre est en mer d’Irlande, recouvre les îles britanniques. Cette zone dépressionnaire étend son profond thalweg sur la France jusqu’en Méditerranée.

Un centre dépressionnaire secondaire se creuse rapidement au large de nos côtes en matinée. Ce centre s’apprête à traverser notre pays dans les prochaines 24 heures.

Intensité maximum
Durée
Surface du territoire métropolitain touché Indice de sévérité
100 à 130 km/h
un peu moins de 24 heures
80 %
 ????

II. Description de la situation météorologique

Trajectoire de la dépression

Trajectoire de la dépression

Le 20 février à 9 h, une dépression très creuse à 973 hPa est en approche entre l’embouchure de la Loire et l’embouchure de la Garonne.

Ce centre dépressionnaire se déplace rapidement de l’ouest vers l’est/nord-est, traversant le pays en un peu moins de 24 heures sans se combler.

Il aborde le continent par la Vendée en fin de matinée, pour toucher les Pays de Loire l’après-midi, la Bourgogne un peu plus tard et enfin l’Alsace en soirée avant de quitter le territoire par l’est en cours de nuit.

Une dépression secondaire se forme au sud près des Pyrénées pour gagner la Méditerranée. Dans l’après-midi une vaste zone de basse pression occupe la façade Est du pays avec un minimum en Angleterre, un autre nettement plus marqué en Bourgogne, un troisième en Méditerranée (voir la figure ci-dessous représentant le champ de pression au niveau de la mer le 20 février 1879 à 15 heures).

Champ de pression au niveau de la mer le 20 février 1879 à 9 heures Champ de pression au niveau de la mer le 20 février 1879 à midi Champ de pression au niveau de la mer le 20 février 1879 à 15 heures
Pmer 20/02/1879 à 9h Pmer 20/02/1879 à midi Pmer 20/02/1879 à 15h

III. Vent

À l’approche du centre dépressionnaire et lors de son déplacement, les vents de sud-ouest se renforcent brutalement avant de basculer tout aussi rapidement à l’ouest puis au nord-ouest après le passage du minimum dépressionnaire très dynamique. Les chutes de pression sont rapides, entre 10 et 20 hPa en quelques heures (18 hPa à Rochefort en 4 heures).

Les vents maximums relevés sur la bande de territoire la plus impactée sont compris entre 50 et 70 nœuds soit entre 100 et 130 km/h.

Régions les plus touchées par les vents en respectant la chronologie du phénomène :

  • Pays-de-Loire, Poitou-Charentes, nord de l’Aquitaine
  • Limousin, sud de la région Centre
  • Auvergne, Bourgogne
  • Rhône-Alpes, Franche-Comté, Lorraine, Alsace

Au sud de la trajectoire du centre dépressionnaire, c’est-à-dire de la région Sud-Ouest à la Méditerranée, la baisse de pression est un peu moins rapide mais les vents restent violents. Les rafales sont de l’ordre de 100 km/h. L’extrême sud-est du pays est concerné en dernier.

Plus au nord, de la Bretagne à la Normandie et au Nord-Pas de Calais, la baisse de pression est plus lente et les vents parfois soutenus ne soufflent toutefois pas en tempête.

Relevés de l’observatoire de Rochefort
Relevés Observatoire Rochefort

IV. Phénomènes météorologiques associés

Pluies localement abondantes, parfois de la neige ou de la grêle

Violentes pluies sur Bordeaux au début de l’événement (vers midi).

Des pluies torrentielles sont signalées dans la vallée de la Garonne avec localement de fortes chutes de grêle.

En Corrèze, l’action de la bourrasque dure une heure et la neige remplace la pluie avant d’être à son tour remplacée par de fortes chutes de grêle.

Chute de neige à Blois : le sol est blanchi en 20 minutes. Dans les fossés, une croûte glacée ne disparaît que le lendemain matin.

Neige collante importante signalée à Pontarlier.

V. Impacts socio-économiques

Sur les zones les plus touchées, on ne compte plus la multitude d’arbres déracinés ou cassés, toitures arrachées, bâtiments écroulés.

Sur les côtes de Charente, à Marennes, des bateaux sont emportés, d’autres s’échouent voire sont portés à l’intérieur des terres. En effet la mer a franchi les digues, des propriétés sont inondées.

Dans l’Allier : forêts dévastées, bâtiments écroulés entraînant le décès de quelques personnes par ensevelissement et la mort de nombreux animaux d’élevage.

Une victime est signalée à Lyon.

Dans le Jura la neige fait une douzaine de victimes (dont 2 du côté de la Suisse).

En Lorraine, si la Meuse est peu touchée, la Meurthe-et-Moselle est fortement impactée par le vent mais aussi par de fortes chutes de neige ou par des pluies verglaçantes à l’origine de nombreux dégâts sur les arbres et les poteaux télégraphiques.

Remarque :

Les effets destructeurs se poursuivent chez nos voisins suisses. Genève, Fribourg et Berne subissent la violence de la tempête.